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feu. La chair cuite ou crue le tente si vivement, qu’il enlève les morceaux aux matelots dans le temps qu’ils les portent à la bouche.

La demoiselle de Numidie est de la taille du coq d’Inde : son plumage au dos et sur le ventre est d’un violet foncé, et variable comme le tabis, suivant les différentes réflexions de la lumière ; il paraît quelquefois d’un noir luisant, quelquefois d’un violet clair ou pourpre, et comme doré. Froger dit que les plumes de la queue de cet oiseau sont d’un violet ordinaire, et que sur la tête il a deux touffes, l’une sur le devant, d’un beau noir, l’autre couleur aurore ou de flamme : ses jambes et son bec sont assez longs, et sa marche est fort grave ; il aime la solitude et fait une guerre mortelle à la volaille. Sa chair est nourrissante et de bon goût. Cet oiseau, suivant la description que l’académie royale des sciences de Paris en a donnée sous le nom de demoiselle de Numidie, est remarquable par sa démarche et ses mouvemens, qui semblent imités de ceux des femmes, et par la beauté de son plumage. On l’a désigné improprement par le nom de paon d’Afrique ou de Guinée.

On a vu plusieurs de ces oiseaux dans le parc de Versailles, où l’on admirait leur figure, leur contenance et leurs mouvemens. On prétendait trouver dans leurs sauts beaucoup de ressemblance avec la danse bohémienne. Il semble qu’ils s’applaudissent d’être regardés, et que le nombre des specta-