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enveloppés dans une peau crue de vache. De l’autre côté, on voyait, dans un grand plat de terre, du kanki, espèce de pâte molle composée de poisson pouri et de farine de maïs, pour servir de pain. Lorsqu’un Nègre avait envie de manger, il venait se mettre à genoux contre la table, sur laquelle il exposait huit ou neuf coquilles ou cauris. Alors le cuisinier coupait fort adroitement de la viande pour le prix. Il y joignait une pièce de kanki avec un peu de sel. Si le Nègre n’avait pas l’estomac assez rempli de cette portion, il donnait plus de coquilles et recevait plus de viande. Philips vit tout à la fois, autour de la table, neuf ou dix Nègres que le cuisinier servait avec beaucoup de promptitude et d’adresse, et sans la moindre confusion. Ils allaient boire ensuite à la rivière, car l’usage des Nègres est de ne boire qu’après leur repas.

Philips parle d’un roi nègre qui s’était fait accompagner de deux de ses femmes : elles l’avaient suivi chez les Anglais ; et suivant l’usage du pays, où l’on n’a pas honte d’être chargé de vermine, elles lui nettoyaient souvent la tête en public, et prenaient plaisir à manger ses poux.

La mer est toujours si grosse le long de la côte, que les canots n’allaient jamais du bord anglais au rivage sans qu’il y en eût quelqu’un de renversé. Mais l’habileté des rameurs nègres est surprenante. D’ailleurs ils nagent et ils plongent avec tant d’adresse, que leurs