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gres, après avoir pris soin de se couvrir de tout ce qui pouvait servir à les défendre contre les flèches empoisonnées. Le combat paraissait inévitable. Les almadies se trouvaient déjà sous la proue du vaisseau de Cadamosto, qui était le plus avancé ; et, se divisant en deux lignes, elles le tinrent dans leur centre. Elles étaient au nombre de quinze, qui portaient environ cent cinquante Nègres, tous bien faits et de belle taille. Ils avaient des chemises blanches de coton, et sur la tête une sorte de chapeau blanc, relevé d’un côté avec une plume qui leur donnait l’air guerrier. À la proue de chaque almadie, un Nègre, couvert d’un bouclier rond qui semblait être de cuir, observait les objets et les événemens. Dans la situation où ces barbares étaient aux deux côtés du vaisseau, ils cessèrent de ramer ; et, tenant leurs rames levées, ils regardaient la caravelle avec admiration. Ils demeurèrent ainsi tranquilles jusqu’à l’arrivée des deux autres bâtimens, qui s’étaient hâtés de retourner à la vue du péril. Lorsqu’ils les virent fort proches, ils abandonnèrent leurs rames ; et, sans autre préparation, ils se mirent à lancer leurs flèches. Les trois caravelles ne firent aucun mouvement ; mais elles tirèrent quatre coups de canon qui rendirent les Nègres comme immobiles. Ils mirent leurs arcs à leurs pieds ; et, jetant les yeux de tous les côtés avec les dernières marques de frayeur, ils paraissaient chercher la cause d’un bruit si terrible. Cependant, s’étant rassurés lorsqu’ils eurent cessé de l’en-