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dents de celui que l’auteur avait vu mort n’avaient pas plus de trois paumes de long, ce qui marquait assez qu’il était fort jeune en comparaison de ceux qui ont les dents longues de dix ou douze paumes. Jeune comme il était, il avait autant de chair que cinq ou six bœufs ensemble. Le seigneur nègre fit présent à Cadamosto de la meilleure partie, et donna le reste à ses chasseurs. Cadamosto, apprenant qu’il pouvait se manger, en fit rôtir et bouillir quelques morceaux, pour se mettre en droit de raconter dans son pays qu’il avait fait son dîner de la chair d’un animal qu’on n’y avait jamais vu ; mais il la trouva fort dure et d’un goût désagréable ; ce qui ne l’empêcha point d’en faire saler une partie, dont il fit présent au prince Henri à son retour. Il observe que l’éléphant a le pied rond comme les chevaux, mais sans sabot, et qu’à la place il a reçu de la nature une peau noire, dure et fort épaisse, avec cinq gros durillons sur le devant, qui ont la forme d’autant de têtes de clous. Le pied du jeune éléphant avait une paume de diamètre. Gnoumi-Mansa fit présent à Cadamosto d’un autre pied d’éléphant qui avait trois paumes et un pouce de largeur, et d’une dent longue de douze paumes. L’auteur porta l’un et l’autre au prince Henri, qui les envoya peu de temps après à la duchesse de Bourgogne, comme une curiosité des plus rares.

La rivière de Gambie et toutes les eaux de la même côte ont un grand nombre de ces serpens qui se nomment kalkatrici, et d’autres