Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se rendirent sur le rivage pour jouir de ce spectacle. On fit faire quantité de mouvemens à ce petit vaisseau, et les Français s’étaient attendus que le roi monterait à bord ; mais, soit qu’il craignît la mer, ou qu’ayant à se reprocher ses extorsions et ses violences , il appréhendât qu’ils ne le retinssent prisonnier, il n’osa se procurer cette satisfaction. Lorsqu’il eut rassasié sa curiosité, il demanda au général de combien les grands vaisseaux surpassaient celui qu’il avait vu. Sans répondre directement à cette question, Brue lui conseilla d’envoyer de ses officiers pour être plus sûr de ce qu’il voulait savoir, par le témoignage de ses propres gens. L’ordre fut donné à quelques Nègres d’aller prendre les mesures. Ils revinrent tout chargés des cordes qu’ils avaient employées, et qu’ils étendirent devant le damel. « Quel canot ! s’écria-t-il, et que la science des blancs est prodigieuse ! »

Pour donner de l’amusement au général, ce prince fit un jour en sa présence la revue d’une partie de ses troupes, sous la conduite du condi, son lieutenant général. Ce corps d’armée montait à cinq cents hommes armés de sabres, d’arcs et de flèches, et couverts de cottes de mailles, qui consistaient en deux morceaux d’étoffe de la forme d’une dalmatique. Le fond était de coton blanc, rouge ou d’autres couleurs, parsemé de caractères arabes, que les marabouts croient également propres à jeter l’effroi parmi leurs ennemis et à ga-