Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/8

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relation de ses voyages, la plus ancienne des navigations modernes publiées par ceux qui les ont faites, est un véritable modèle ; elle ne perdrait rien à être comparée à celle des plus habiles navigateurs de nos jours. Il y règne un ordre admirable ; les détails en sont attachans, les descriptions claires et précises. On reconnaît partout l’observateur éclairé. Parmi les choses qu’il a entendu dire, il s’en trouve, à la vérité, qu’il est difficile de croire ; on en verra quelques-unes de ce genre dans l’extrait de sa relation qu’on va lire. Cadamosto a la bonne foi de convenir lui-même de l’invraisemblance de ces sortes de récits ; mais ils étaient conformes au goût de son siècle, et sa relation eût semblé dénuée d’intérêt s’il les eût omis.

Cadamosto observe d’abord qu’au sud du détroit de Gibraltar, la côte, qui est celle de Barbarie, n’est pas habitée jusqu’au cap Cantin, d’où l’on trouve, jusqu’au cap Blanc, une région sablonneuse et déserte, qui est séparée de la Barbarie par des montagnes du côté du nord, et que ses habitans nomment Sahara. Du côté du sud, elle touche au pays des Nègres, et, dans sa largeur, elle n’a pas moins de cinquante ou soixante journées. Ce désert s’étend jusqu’à l’Océan. Il est couvert de sable blanc, si aride et si uni, que, le pays étant d’ailleurs fort bas, il n’a l’apparence que d’une plaine jusqu’au cap Blanc, qui tire aussi son nom de la blancheur de son sable, où l’on n’aperçoit aucune sorte d’arbre ou de plante. Cependant rieu n’est si