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correspondance entre eux, dans les intervalles même du repos. Loin de leur offrir leur médiation, les Européens trouvent leur intérêt à les voir toujours aux mains, parce que la guerre augmente le nombre des esclaves. Mais ordinairement les incursions, de part ou d’autre, ne durent pas plus de cinq ou six jours.

L’empereur de Bissao jouit d’une autorité très-despotique. Il a trouvé une voie fort étrange pour s’enrichir aux dépens de ses sujets sans qu’il lui en coûte jamais rien : c’est d’accepter la donation qu’un Nègre lui fait de la maison de son voisin. Il en prend aussitôt possession, et le propriétaire se trouve dans la nécessité de la racheter ou d’en bâtir une autre. À la vérité, le moyen de se venger est facile, en jouant le même tour à celui de qui on l’a reçu ; mais l’empereur n’y peut rien perdre, puisqu’il ne hasarde que de gagner deux maisons pour une. Ce pouvoir arbitraire s’étend, sur tous ceux qui habitent dans l’île. Un jour, l’empereur de Bissao avait confié à la garde des Portugais un esclave qui se pendit. C’était lui naturellement qui devait supporter cette perte ; mais il ordonna que le cadavre fut laissé dans le même lieu jusqu’à ce que les Portugais lui fournissent un autre esclave. Le désagrément de voir pourir un corps devant leurs yeux leur fit prendre le parti d’obéir. Dans une autre occasion, deux esclaves qu’il avait vendus s’échappèrent de leurs chaînes, et furent repris par ses soldats. L’équité sem-