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route qu’on cherche pour mieux s’emparer de la terre entière.

Entre la mer Glaciale à l’orient, et le détroit de Davis au couchant, dans un espace d’environ 35° de longitude, le Groënland s’avance et s’étend depuis le 59° de latitude nord jusqu’au 78°. C’est du moins à ce voisinage du pôle que s’est arrêtée l’audace des voyageurs. Sans doute elle ira plus loin encore, et l’homme pourra mesurer un jour par ses pas tout le globe qu’il habite. Alors on saura si le Groënland confine et se joint à l’Amérique.

La côte occidentale du Groënland, seule portion de ce pays qui soit aujourd’hui connue, ou du moins fréquentée, prend du sud au nord une étendue d’environ 20°. Elle est coupée et comme dentelée par une infinité de baies qui sont parsemées d’une multitude innombrable de petites îles.

Toute cette côte est hérissée de rochers inaccessibles, mais qui se laissent voir à plus de quarante lieues en pleine mer. La terre y est stérile, ou plutôt le roc aride et nu s’y dérobe constamment sous la glace et la neige, qui, s’accumulant d’année en année, ont comblé des vallons et mis des plaines au niveau des montagnes. Les rochers, d’où la neige disparaît quelquefois, n’offrent au loin qu’un front noir et ténébreux, sans trace de verdure, ni même de terre ; mais de près on y découvre des veines d’une pierre marbrée, des lambeaux de gazon, de mousse ou de bruyère, comme