Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/147

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peur d’être renversées : en même temps la terre, les bois, les pierres, les hommes ou les bêtes que les vents ou quelque accident avaient enveloppés dans ces masses de neige glacée en sont comme vomis par ces volcans de glace, s’il est permis de donner le même nom à des effets semblables de causes aussi différentes que le sont le froid et le feu.

Ce sont, au reste, des phénomènes que la nature a rendus très-fréquens dans les montagnes de la Suisse. Puisque les Alpes, et même les Cordillières, placées sous la ligne équinoxiale, sont toujours couvertes de neige et de glace, faut-il s’étonner d’en voir des montagnes éternelles sur les mers et les terres du Groënland à 10 ou 15 degrés du pôle ? Cependant il ne faut pas croire que le froid augmente toujours en raison directe de la distance de l’équateur ; car non-seulement les Groënlandais vivent au 76e. degré de latitude, et les Européens au 71e., mais il y a bien des jours d’été où il ne tombe que de la pluie sur les plus hautes montagnes du Groënland, et où la neige s’y fond en tombant. À la vérité, ces montagnes n’ont pas trois mille deux cents toises de hauteur comme celles du Pérou, ni deux mille cinq cent cinquante comme le Mont-Blanc, mais tout au plus mille : or l’on sait qu’à l’égard des montagnes, le triple d’élévation équivaut, pour le froid, à plus de deux mille lieues d’éloignement de l’équateur.

Il est certain que les montagnes de glace