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presque point de langue, il garde un silence éternel. Mais en revanche il a la jambe et le bec si longs, qu’on pourrait l’appeler la cigogne de mer. Cet oiseau glouton dévore un nombre incroyable de poissons qu’il va pêcher à vingt ou trente brasses de profondeur, et les avale tout entiers, quoique d’un pied et demi de long, et même des carrelets larges d’un pied. On ne le tue ordinairement que quand il est occupé à faire sa pêche ; car il a pour veiller à sa sûreté de grands yeux saillans et très-vifs, couronnés d’un cercle jaune et rouge.

L’oiseau qu’on peut ranger le plus près de l’okeitsok est le plongeon loum (colymbus arcticus). Sa femelle va pondre auprès des étangs d’eau douce et garde ses œufs, même quand la place est inondée. On l’appelle l’oiseau de l’été, parce que les Groënlandais ne s’attendent point à l’arrivée de la belle saison qu’ils n’aient vu cet avant-coureur. Sans doute il prend ses quartiers d’hiver en des pays plus chauds, de même que les autres oiseaux de mer dont le Groënland ne jouit qu’en été. Son cri ressemble à celui du canard, et les Groënlandais veulent peindre ce cri par le nom de l’oiseau, quand ils l’appellent karsaak. Sa voix présage la pluie ou le beau temps, selon que le ton en est rapide et rauque, ou doux et prolongé.

L’oiseau qu’on appelle au Groenland akpa (alca pica) a la grosseur d’un canard ordinaire, le dos d’un noir de charbon, et le ven-