Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/264

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est bientôt cousue. D’ailleurs on les radoube et on les recouvre à neuf tous les ans. Ces bateaux sont conduits par des femmes qui rament au nombre de quatre, avec une cinquième à la poupe, tenant un aviron pour gouvernail. Ce serait un scandale qu’un homme se mêlât de mener ces bateaux, à moins qu’un danger évident n’exigeât le secours de sa main. Les rames sont courtes et larges en façon de pelle, mais plus longues, attachées et fixées à leur place sur le plat-bord, avec une bande de cuir. Vers la proue, on dresse un pieu pour mât qu’on charge d’une voile faite de boyaux cousus ensemble ; elle est d’une brasse de hauteur, sur une et demie de large. Les gens riches ont des voiles de lin blanches à raies rouges ; mais les Groënlandais ne naviguent que le vent en poupe, et ne peuvent suivre un canot européen à la voile ; en revanche, dans un vent contraire, ou dans un temps calme, ils vont à la rame bien plus vite que nous. Avec ces bateaux, ils font des voyages de trois ou quatre cents lieues le long des côtes, allant d’un port à l’autre, au nord et au sud, dix ou vingt personnes ensemble, avec leurs tentes, leur bagage et leurs provisions de bouche. Ces voyages sont de douze lieues par jour. La nuit ils débarquent, plantent leurs tentes, tirent leurs bateaux à terre, la quille renversée et chargée de grosses pierres devant et derrière, de peur que le vent n’emporte le canot. Si la côte n’est pas tenable, six ou huit personnes