Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce refrain qu’on répète en chœur : Amna aiah, aiah-ah-ah !

Quand ce chantre a joué de cette façon à peu près un acte, ou plutôt une scène, qui dure un quart d’heure, il se retire tout hors d’haleine, baigné de sueur et presque épuisé du chant, des cris, des sauts, des contorsions et des grimaces dont il a diverti l’assemblée. Un autre prend aussitôt sa place et son rôle. Le jeu dure ainsi toute la nuit ; on dort le lendemain jusqu’au soir, où la fête recommence par le souper suivi du bal. Plusieurs jours se passent de même, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de provisions de bouche au théâtre, ou que les acteurs aient entièrement perdu les forces et la voix.

Ils ont aussi leur jeu de balle, qui se fait au clair de la lune. On se sépare en deux bandes ; un des joueurs jette la balle à un homme de son parti, et c’est à ceux de l’autre bande à tâcher de l’attraper pour se la renvoyer et la ballotter entre eux ; ou bien on pousse la balle jusqu’à un certain but fort éloigné, et c’est au plus leste de la troupe à l’atteindre.

Parmi les espèces de luttes qui servent à les endurcir à l’état de peine où la nature les a condamnés, ils en ont une qui consiste à se donner de grands coups de poing sur le dos ; celui des deux lutteurs qui soutient le mieux cet assaut est le vainqueur, et doit en aller défier d’autres jusqu’à ce qu’il soit content des coups qu’il a reçus et se retire en brave. Ils