Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/307

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côte, ou les dépouilles et les débris d’un naufrage, s’en empare comme de son bien, quoiqu’il ne soit pas habitant de ces bords ; mais il tire à terre cette prise et met une pierre sur le monceau qu’il en a fait : c’est là le signe et le sceau de sa propriété, personne n’y touche. Si quelque proie échappe à un pécheur avec le dard qu’il lui a plongé dans le dos, et qu’un autre homme vienne à tuer le monstre fugitif et blessé, la prise appartient de droit au premier coup, et non au dernier. Mais si le phoque rompt la corde et la ligne où est attaché le harpon qu’il a dans les flancs, celui qui a mis le harpon sur la bête perd son droit, et celui qui la prend encore vivante, ou la trouve morte, s’en empare en restituant le harpon au pêcheur qui l’a jeté. Quand on tire un de ces monstres pour le dépecer, celui qui le premier y enfonce le couteau doit en emporter la tête et la queue, et chacun enlève ce qu’il peut du reste. Quant au corps de la baleine, le spectateur y a le même droit que le harponneur ; et comme c’est à qui pourra le plus en prendre, on ne voit guère des centaines de personnes se jeter, le couteau à la main, sur le corps d’une baleine sans qu’il n’en arrive bien des accidens, et que les coups de couteau ne portent à droite et à gauche sur les doigts de tant de gens acharnés à la curée ; mais à cela point de malice, point d’offense : personne ne s’en plaint. Si plusieurs flèches à la fois pleuvent sur un renne, il appartient à la main qui