Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’en général il y entre bien plus de supercherie que de sortilége.

Ces prétendus magiciens ne manquent pas de faire accroire qu’ils peuvent ôter ou laisser des maladies, enchanter et désenchanter les flèches des chasseurs, évoquer les esprits bienfaisans et chasser les spectres. C’est ainsi qu’ils se font craindre, respecter, et payer pour le bien ou pour le mal qu’ils se prétendent capables d’attirer sur les hommes. Quand ils approchent d’un malade, s’il a la patience de les écouter, ils lui marmottent des paroles, ou lui soufflent au visage pour le guérir ou lui donner une âme en santé. Pour savoir s’il doit se remettre ou mourir de sa maladie, ils lui attachent autour de la tête une corde à travers laquelle ils passent un bâton, puis ils lui soulèvent la tête et la laissent retomber : s’ils la trouvent légère, le malade guérira ; pesante, il mourra. Veulent-ils deviner si un homme embarqué qui n’est pas revenu dans sa maison au temps où l’on s’attendait à l’y revoir est mort ou vivant, ils soulèvent de la même façon la tête de son plus proche parent ; et mettant un vase d’eau sous lui, ils regardent dans un miroir, et devinent si l’homme absent est submergé avec son kaiak, ou s’il y rame tranquillement assis et sans danger. De même ils citent l’âme d’un homme qu’ils veulent tourmenter d’un maléfice à comparaître devant eux dans une chambre noire ; ils la percent d’une pique, et l’homme doit périr d’une mort lente. Mais ces sortiléges mal-