Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il peignit le Groënland des couleurs les plus avantageuses. Olaüs venait de se faire chrétien, et était animé du zèle le plus ardent pour répandre dans le nord la religion qu’il avait embrassée. Il retint Leif à sa cour pendant l’hiver, et fit si bien, qu’il lui persuada de se faire baptiser. Au printemps, il le renvoya au Groënland, accompagné d’un prêtre qui devait l’affermir dans la foi, et tâcher de la faire recevoir à la nouvelle nation. Éric fut d’abord très-offensé de ce que son fils avait abjuré le culte de ses pères ; mais il s’apaisa enfin ; et le missionnaire, aidé de Leif, ne tarda pas même à l’amener avec toute la colonie à la connaissance du vrai Dieu. Avant la fin du dixième siècle, il y eut déjà des églises au Groënland ; on érigea même un évêché dans la nouvelle ville de Garde, la principale du pays, et où les Norwégiens allèrent long-temps commercer. Peu de temps après, les Groënlandais se multipliant, on fonda une autre petite ville nommée Albe, et un cloître en l’honneur de saint Thomas. Les Groënlandais reconnaissaient les rois de Norwége pour leurs souverains, et leur payaient un tribut annuel, dont ils voulurent inutilement s’affranchir en 1261. Cette colonie subsista dans cet état jusque vers l’an 1348, époque d’une contagion furieuse, connue sous le nom de mort noire, qui fit de grands ravages dans tout le Nord. Depuis ce temps-là la colonie de Garde, celle d’Albe, et tous les établissemens formés par les Norwégiens sur la