Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vivres pour attendre une année entière le retour d’un autre vaisseau d’approvisionnement. Ils avaient donc abandonné des maisons bâties avec beaucoup de peine ; et l’on apprit peu de temps après qu’elles avaient été brûlées par des navigateurs étrangers.

Ce ne fut pas là l’unique disgrâce : un angekok, craignant sans doute que la mission ne fit tort à son ministère, voulut employer la magie pour se défaire du facteur de la colonie et de sa troupe. Le Danois fut assez imprudent pour frapper l’angekok au visage pendant qu’il faisait ses encbantemens. Le sauvage courut à son arc, le Danois à son fusil : heureusement les Groënlandais effrayés empêchèrent le devin de tirer sa flèche. C’était un prêtre du démon ; il cacha son ressentiment, mais jusqu’au moment de la vengeance. Peu de temps après, l’angekok dit à ses Groënlandais que les habitans des côtes du sud avaient comploté d’assassiner le commis du facteur lorsqu’il viendrait faire le commerce dans leur contrée : le facteur lui-même, ajouta-t-il, est au nord avec la plupart de ses Européens pour son trafic : c’est le temps de tomber sur le ministre et le peu de monde qui l’environne ; quand le facteur reviendra, nous le tuerons, et nous partagerons entre nous toutes les marchandises de la colonie. Ce complot fut rapporté à Égède par un enfant groënlandais qui, après s’être enfui de chez le pasteur, y était revenu dans la crainte d’être châtié, s’il était rattrapé.