Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/420

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Égède s’apercevant qu’il ne gagnait rien sur l’esprit des adultes, et que l’instruction à la suite des présens n’en faisait tout au plus que des hypocrites assez grossiers pour ne pas en imposer par un christianisme dont ils ne savaient pas même porter le masque, ce missionnaire eut une conférence avec deux de ses collègues nouvellement arrivés, et leur proposa s’il ne serait pas convenable de baptiser les enfans, avec les précautions les plus propres à les attacher à la religion dont on leur ouvrirait la porte par le baptême. Son plan fut envoyé au collège des missions établi à Copenhague. Cette société l’approuva à des conditions que le pasteur du Groënland avait déjà prévues : elles portaient qu’on donnerait le baptême aux enfans, du consentement des parens, pourvu que ceux-ci ne regardassent pas ce remède de l’âme comme un préservatif contre la mort ; qu’on s’assurât que les baptisés se feraient instruire à l’âge convenable ; et qu’on n’engageât personne au baptême par les moyens de séduction, encore moins par les voies de la force. La cour et le clergé du Danemarck ne pensaient pas comme ce roi qui fit baptiser tous les Danois sous peine de mort ; ni comme les premiers conquérans du Mexique, qui, pour en convertir les habitans, allumèrent des bûchers qu’on ne pouvait éteindre qu’avec l’eau du baptême. L’esprit de tolérance chrétienne n’a pu être étouffé dans le cœur des pasteurs luthériens par le dogme cruel de la prédestination : ils