Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/68

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démontrent que le froid n’y est pas plus excessif qu’en Danemarck, et les serpens pourraient y vivre de la même façon. D’ailleurs on sait que l’île de Madère et celle de Malte, toutes deux situées sous un climat où la gelée est inconnue, ont, comme l’Islande, l’avantage de ne nourrir aucun reptile venimeux ; propriété heureuse dont vraisemblablement il faut assigner la cause à quelques qualités particulières de l’air ou du sol, et peut-être à quelque accident, tel qu’un tremblement de terre, ou une inondation qui a pu anciennement bouleverser ces îles, et faire périr tous les reptiles, sans que personne ait été tenté d’en rapporter pour rétablir l’espèce.

Il y a peu de pays qui soient moins tourmentés des insectes que l’Islande. Les plus communs sont des araignées fort petites ; on n’y connaît ni cousins, ni guêpes, ni taons. Après les araignées, le seul insecte dont on soit incommodé en quelques endroits, ce sont de grandes mouches dont il y a une quantité infinie, surtout dans le Norden-syssel, canton le plus froid du pays. Elles se tiennent particulièrement près des eaux et autour du Myvatn, nom qui a été donné à ce lac à cause des mouches dont ses bords sont infestés presque toute l’année. Les hommes en sont aussi incommodés que les bestiaux ; de manière que les voyageurs qui sont obligés de passer dans le voisinage de ce lac mettent communément un crêpe sur leur visage pour se défendre de ces insectes,