natisme ! Semblable à l’opium, c’est un calmant qui finit par le délire. Écoutons le langage des chrétiens du Groënland. Une femme avait perdu son mari. Cet homme était un oracle, un modèle pour les Groënlandais. Ses exemples leur servaient de règle, et ses reproches de frein. Jour et nuit il leur parlait des souffrances de Jésus, et ce qu’il leur disait allait du cœur au cœur. Quand il fut mort, sa femme écrivit : « Le Sauveur est mon époux ; je soupire pour lui, je l’attends avec la même ardeur que je sentais pour mon mari Pierre quand il tardait trop long-temps à revenir de la mer. J’aime mon Sauveur parce qu’il m’a aimée le premier. Je l’ai toujours devant les yeux, et ne puis l’oublier. Mes fautes sont sans nombre, mais je les cache dans ses blessures. Mon cœur est à l’Agneau pour qu’il le remplisse de son sang. Comme les enfans croissent dans le sein de leur mère, je croîtrai dans le sang de l’Agneau. J’écris ces paroles pour nos frères et nos sœurs de la congrégation. » Tel est le langage que les herrnhuters parlent aux sauvages. C’est ainsi que ces illuminés font entrer des hommes égarés dans la maison du salut par la porte de l’erreur.
Ils se justifient sans doute en pensant que, dans la mortalité presque annuelle dont la famine des hivers afflige le Groënland, ils n’ont pu trouver que ces heureuses illusions pour consoler les mourans. En effet, il y eut tant de morts en 1754, qu’on fut obligé de con-