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tité sous l’abri des îles. On en prit beaucoup, et l’on n’oublia pas d’en faire une forte provision pour nourrir les veuves et les orphelins que la mortalité de cette année avait laissés sans appui, sans soutien. Ainsi l’on ne put en vendre au facteur de la colonie que trente-six barils, ce qui faisait à peine la moitié de la vente ordinaire.

Au mois d’octobre on rentra dans les cabanes ou maisons d’hiver, et le premier soin des missionnaires fut de pourvoir au dérangement que la contagion avait causé dans la peuplade de Neu-Herrnhut. On songea d’abord aux familles qui avaient perdu leur chef. Les adultes en état de travailler furent chargés de l’entretien de leurs mères et de leurs frères ou sœurs. Les jeunes enfans sans tuteur furent distribués dans différentes familles, pour y être élevés dans l’unique profession du pays, ou pour y rendre les services domestiques qu’on pouvait attendre de leurs forces. Ceux du plus bas âge restaient avec leur mère ; ou, s’ils n’en avaient pas, on les confiait aux sœurs de la congrégation, qui leur donnaient le lait, s’ils étaient à la mamelle. C’est un grand sacrifice chez les Groënlandaises. Elles sont jalouses de n’allaiter que leurs propres enfans. Plutôt que de donner à leur fils un rival étranger, disent-elles, qui partage le suc de leurs mamelles, elles laisseront périr un orphelin sans la moindre pitié. Le christianisme a rectifié ce préjugé de l’amour maternel. Ces femmes font aujourd’hui