Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/109

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baptisés, combien nous abhorrons le sang de la baleine, et pour peu qu’il en tombe sur nos habits, nous les quittons aussitôt pour les laver. Il n’en est pas de même du sang de l’Agneau. Chaque goutte qui s’en répand est un ornement. Oh ! si vous en aviez goûté une fois, vous ne pourriez vous en rassasier. »

Le même orateur sauvage écrivait dans une lettre : « Lorsque je pense à mes péchés, mes larmes coulent de mes yeux ; mais, lorsque je vois l’Agneau sur la croix, je me sauve dans la blessure de son côté comme le poisson de Népisek se cache dans le trou d’un rocher. »

Ces peuples, échauffés par des enthousiastes, brûlent de soif pour le sang de l’Agneau. « Ils en sont altérés, disent-ils, tantôt comme la terre, qui, desséchée par le soleil continuel de l’été, redemande la pluie ; tantôt comme les moucherons ou les cousins qui s’abreuvent du sang de l’homme ; tantôt comme les enfans à la mamelle qui, dès qu’ils s’éveillent, crient après le lait. » Les frères Moraves se félicitent de faire désirer l’eau du baptême avec la même ardeur par les jeunes enfans qui peuvent chanter les hymnes de la mission. Ce désir passe quelquefois des enfans aux vieillards. « Une veuve, disent-ils, très-avancée en âge, vint à Neu-Herrnhut. Elle nous fit entendre par des gestes fort expressifs et curieux à voir qu’elle était restée ensevelie pendant deux jours, au bout desquels elle avait repris