Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/132

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méprisées de toutes les autres ; un angekog vint avec sa femme à Litchtenfels dire qu’il voulait se convertir. Mais il avait l’intention, dit-on, en formant des liaisons avec des chrétiens, d’en être protégé contre des ennemis qui le poursuivaient pour un meurtre ; comme si le christianisme pouvait être un asile d’impunité pour les assassins. Ces imposteurs ont encore un autre dessein : c’est d’acquérir, en fréquentant les missionnaires, quelque nouveau charme pour fasciner les yeux d’un peuple grossier. L’association qu’ils font des saines idées de la religion avec leurs impostures est un appât de plus, qui sert à établir leur crédit et leur réputation. Aussi les coadjuteurs groënlandais de la mission n’aiment point à parler de l’Évangile avec les angekoks, parce que ceux-ci mêlent cet antidote à leur poison, dont ils espèrent augmenter le débit par cette supercherie. Enfin s’ils n’ont pas le talent de grossir le nombre de leurs dupes, ils cherchent du moins à débaucher les chrétiens. Ce qu’il y a de singulier, c’est que les femmes se mêlent toujours de la perversion comme de la conversion des hommes. Deux ou trois familles désertèrent la mission de Neu-Herrnhut à l’instigation ou par l’obstination de méchantes femmes, qui, dit Crantz, n’y trouvaient pas à satisfaire la double intempérance dont elles étaient tourmentées.

Cette année ne fournit rien de plus curieux à l’histoire, si ce n’est quelques effets du mau-