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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/136

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dans des logemens séparés. Mais la grande maison logea soixante-quatre personnes, et servit à tenir les assemblées de religion. C’est là qu’on retrouvait l’esprit de l’Évangile dans la paix et la concorde des familles, mais non dans le langage des néophytes, trop étranger à la raison pour être celui de la vérité.

« Comme Ève fut formée de la côte d’Adam, dit un de ces sauvages enthousiastes, ainsi le chrétien formé du côté de l’Agneau devient chair de sa chair, os de ses os. Vous savez, dit un autre, comment les moucherons (ce sont les cousins) se nourrissent, dans l’été, de notre sang, mais que nous les tuons ou les chassons. Jésus ne fait pas de même. Il se plaît à nous voir entrer dans ses blessures pour y rassasier notre âme de son sang. »

Voilà les comparaisons avec lesquelles on édifie peut-être les Groënlandais ou des frères Moraves ; mais on scandalise infailliblement les vrais chrétiens, qui se repaissent des vérités sublimes de l’Évangile, et non pas d’illusions et de similitudes ; honteux abus, jeux indécens de l’esprit humain. Hâtons-nous d’abréger sur des puérilités.

Ce fut l’année suivante que Crantz, avec un de ses confrères, s’embarqua pour le Groënland, dans l’intention de voir ce pays par lui-même, et d’y prendre des notions exactes pour en faire une histoire fidèle. « Je partis, dit-il, le 17 mai de Copenhague. Je ne pouvais être ni mieux traité par les hommes, ni plus