Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/143

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orientale. Dès que ces obstacles cessèrent, on se répandit dans le Fisker-Fiord, pour attraper du poisson ; mais un coup de vent emporta les pêcheurs si loin, qu’ils eurent de la peine à regagner la terre. Sans tente et sans abri, ces malheureux, échappés du naufrage, restèrent deux jours et deux nuits exposés à toutes les rigueurs d’un ciel nébuleux, dont la rosée n’était que de glace. Quelques-uns en eurent les membres gelés, et ce ne fut qu’à force de se battre et de se tramer les uns les autres comme c’est l’usage au Groënland par les grands froids, qu’ils se garantirent de périr sur la glace.

À Lichtenfels, le commencement de l’hiver fut assez doux pour donner la facilité de prendre quelquefois jusqu’à dix phoques dans un jour ; mais la neige et la glace reprirent au printemps. La mer devint impraticable. Heureusement les eiders, ne pouvant respirer sous les glaces, venaient à terre ; et comme ils avaient la vue éblouie parla blancheur de la neige, on les prenait en vie avec la main. Ainsi les glaces, qui refusaient la pêche, donnaient les ressources de la chasse.

« Je passais un soir, dit un missionnaire dans son journal, c’était le 8 avril, je passais dans une maison à l’heure du souper. Je vis deux veuves avec leurs enfans tenant à la main une poignée d’algue qu’ils allaient manger avant de se coucher. C’était leur nourriture ordinaire, à laquelle ils ajoutaient quelques