Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/170

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Quant à l’instruction, qui ne réussit pas aussi bien que le chant, Crantz s’étend avec complaisance sur une nouvelle méthode familière aux herrnhuters. « Ils ont éprouvé, dit-il, que rien n’était plus inutile que de parler aux Groënlandais de l’existence et de l’attribut de Dieu pour les préparer à la doctrine de l’expiation du péché. » Après six ans d’un travail infructueux pour faire entrer la religion dans les esprits par la voie du raisonnement, ils s’avisèrent de débuter par la passion et la mort de Jésus. « C’est, dit l’historien herrnbut, le plus sûr moyen d’éclaircir l’esprit épais et grossier des sauvages païens. » Presque tous les missionnaires des Indes orientales et occidentales ont fait la même expérience. On ne gagne rien auprès des idolâtres à leur représenter les perfections de la Divinité et les devoirs de la vertu, a dit un missionnaire luthérien de l’Inde. Un presbytérien d’Écosse, qui avait vécu long-temps en Pensylvanie et dans le New-Jersey, dit qu’il avait passé bien des années avant d’introduire les plus simples notions de Dieu chez les sauvages américains ; mais qu’à l’exemple des missionnaires voisins, s’étant hasardé à parler du mystère de la croix, tous les esprits s’étaient éveillés de leur sommeil, au grand étonnement du prédicateur. « Ce réveil, dit-il, ne s’est jamais manifesté au bruit des vérités effrayantes de la religion ; mais toutes les fois que je m’attachais aux scènes pathétiques de la mort et de la croix du