Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/188

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qui fasse mention de cette particularité. Il paraît, au contraire, que Magellan sollicita un commandement et ne put l’obtenir ; alors il résolut de revenir en Europe demander l’avancement qui lui avait été refusé dans les Indes. Il avait profité de son séjour dans ces contrées pour prendre toutes les informations qu’il croyait propres à servir à sa fortune. Les lumières qu’il devait à Serrano, avec lequel, selon tous les historiens, il conserva toujours d’étroites relations, semblaient lui promettre un accueil favorable en Portugal.

Ce fut dans sa campagne de l’Inde que la force de caractère et le courage qui rendirent Magellan si propre aux grandes entreprises se manifestèrent avec éclat. Herréra en cite un trait qui mérite d’être connu : un bâtiment qu’il montait se perdit sur un écueil isolé au milieu de la mer ; il ne restait plus de ressource que de se sauver sur une petite île voisine ; mais quand il fut question de s’embarquer dans les canots pour s’y rendre, de violentes contestations s’élevèrent. Les chefs et les officiers voulurent, à la faveur de leur rang, être du premier voyage : les matelots et les soldats s’y opposèrent. Magellan, voyant que de pareils débats dans une situation si périlleuse pouvaient causer la perte de tous, dit à l’équipage : « Mes enfans, laissez-les partir, je resterai avec vous ; mais qu’ils nous donnent leur parole de nous envoyer chercher dès qu’ils auront mis pied à terre. » Le trouble