Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/197

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entreprise ; mais ce monarque déclara que son intention était de ne rien usurper sur les possessions accordées au Portugal par la capitulation conclue avec lui, et qu’il avait donné des ordres précis à tous ses capitaines de ne se mêler en rien des affaires des Portugais. Ceux-ci publiaient que le roi d’Espagne en serait pour les frais de cet armement ; que Magellan était un homme d’un caractère trop vain et trop inconséquent pour que l’on pût fonder sur ses discours la plus légère espérance, et qu’il ne tiendrait en aucune manière les promesses qu’il avait faites.

Magellan, ayant relâché à Ténériffe pour se ravitailler, en repartit le 2 octobre. On suivit la côte de Guinée jusqu’à de latitude nord, et l’on fut pris de calme avec de la pluie et des raffales jusqu’à la ligne équinoxiale. Ces temps contraires empêchaient d’avancer. Les capitaines, ennuyés déjà de la longueur de la route, annonçaient un esprit de révolte ; ils étaient indignés d’obéir à un homme qui n’était pas de leur pays, et Magellan éprouvait combien il est difficile de réussir chez une nation dans laquelle on est étranger. Un jour, le capitaine Juan de Cartagéna demanda au pilote de la capitane pourquoi il ne naviguait pas d’après les instructions données à Séville, et signées par Magellan. « Laissez là les questions, reprit celui-ci ; votre devoir est de me suivre. » Cartagéna lui représenta qu’il aurait dû prendre là-dessus le conseil de ses officiers,