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d’un taureau, s’approcha de notre navire pour rassurer ses camarades, qui par crainte s’éloignaient du rivage et se retiraient avec leurs meubles dans l’intérieur du pays. Désirant leur parler et les voir de près, nous sautâmes à terre au nombre de cent hommes, et les poursuivîmes pour en attraper quelques-uns ; mais ils faisaient de si grandes enjambées, que même en courant et sautant nous ne pûmes jamais parvenir à les joindre. »

Le lundi 6 février 1520, les Castillans sortirent du Rio de la Plata ; le 12, ils essuyèrent une tempête affreuse ; le 24, ayant trouvé une belle baie, Magellan voulut y entrer pour voir si ce n’était pas quelque détroit ; mais ayant trouvé qu’elle se rétrécissait et n’offrait qu’une embouchure de rivière, il en sortit, et l’appela la baie Saint-Mathias. Les Castillans étaient déjà au 4e. degré de latitude australe, et souffraient un grand froid, et plus ils allaient en avant, plus les tempêtes augmentaient ; il se passait quelquefois trois et quatre jours sans que les navires pussent se rejoindre.

Étant entrés dans une baie (le Port-Désiré), où il y a deux îles, pour y faire du bois et de l’eau, ils trouvèrent ces lieux peuplés d’oiseaux de mer (manchots) et de phoques. Les premiers y étaient en si grand nombre et si peu farouches, qu’en une heure de temps on en fit une abondante provision pour les équipages des cinq vaisseaux. On emporta aussi beaucoup de phoques, mais on ne trouva ni bois ni eau. Il