Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/217

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» Ils ont les cheveux coupés en forme d’auréole comme les moines, mais plus longs et soutenus autour de la tête par un cordon de coton dans lequel ils placent leurs flèches quand ils vont à la chasse. Quand il fait bien froid, ils se lient étroitement les parties naturelles contre le corps. Il paraît que leur religion se borne à adorer le diable. Ils prétendent que dix à douze démons apparaissent à l’homme à l’agonie, chantant et dansant autour de lui. Setebos, leur chef, ou le grand diable, fait plus de bruit que les autres, qui se nomment Cheleoule. Ils sont peints comme ces sauvages. Ce qui qui resta plusieurs jours avec nous prétendait avoir vu une fois un démon avec des cornes et des poils si longs, qu’ils lui couvraient les pieds ; il jetait, ajouta-t-il, des flammes par la bouche et par le derrière.

» Ces peuples, auxquels notre capitaine donna le nom de Patagons, couvrent leurs huttes de la peau des mêmes animaux dont ils se vêtent, et les transportent çà et là, n’ayant pas de demeures fixes. Ils vivent de viande crue, et d’une racine douce qu’ils nomment capac. Ils sont grands mangeurs ; les deux que nous avions pris mangeaient chacun une corbeille pleine de biscuit par jour, et buvaient un demi-seau d’eau d’un trait. Ils mangeaient les souris toutes crues, même sans les écorcher. »

Quand on fut prêt à partir, Magellan ordonna de mettre à terre Cartagéna et le prêtre,