Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/232

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nêtes. Par amitié pour notre capitaine, ils le conduisirent, dans leurs canots, aux magasins de leurs marchandises, tels que clous de girofle, cannelle, poivre, noix-muscade, macis, or, etc., et nous firent connaître par leurs gestes que le pays vers lequel nous dirigions notre course fournissait abondamment de toutes ces denrées. Le capitaine général les invita à son tour à se rendre sur son vaisseau, où il étala tout ce qui pouvait les flatter par la nouveauté. Au moment qu’ils allaient partir, il fit tirer un coup de bombarde qui les épouvanta étrangement ; de sorte que plusieurs étaient sur le point de se jeter à la mer pour s’enfuir ; mais on n’eut pas beaucoup de peine à leur persuader qu’ils n’avaient rien à craindre ; si bien qu’ils nous quittèrent assez tranquillement, et même de bonne grâce, en nous assurant qu’ils reviendraient incessamment comme ils nous l’avaient promis auparavant. L’île déserte sur laquelle nous nous étions établis est, comme je l’ai dit plus haut, nommée Humana par les insulaires ; mais nous l’appelâmes l’Aiguade aux bons indices (Aguada de los buenos segnales), parce que nous y avions trouvé deux fontaines d’eau excellente, et que nous aperçûmes les premiers indices d’or dans ce pays. On y trouve aussi du corail blanc, et il y a des arbres dont les fruits, plus petits que nos amandes, ressemblent aux pignons de pin. Il y a aussi plusieurs espèces de palmiers, dont quelques-uns donnent des fruits bons à man-