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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/238

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prète comment il avait trouvé le détroit pour venir dans la mer où nous étions, et combien de lunes il avait passé en mer sans voir la terre.

» Le roi, étonné de tout ce qu’il venait de voir et d’entendre, prit congé du capitaine, en le priant d’envoyer avec lui deux Européens pour leur faire voir à son tour quelques curiosités de son pays. Le capitaine me nomma avec un autre pour accompagner le roi.

» En abordant à terre, le roi leva les mains au ciel, et se tourna ensuite vers nous : nous en fîmes autant, ainsi que tous ceux qui nous suivaient. Le roi me prit alors par la main, un de ses officiers en fit autant à mon camarade ; et nous nous rendîmes ainsi sous une espèce de hangar fait de roseaux où l’on gardait le balangai du roi, qui avait environ cinquante pieds de long, et qui ressemblait à une galère. Nous nous assîmes sur la poupe et essayâmes de nous faire entendre par des gestes, parce que nous n’avions pas d’interprètes avec nous. Les personnages de la suite du roi l’entouraient, se tenant debout, armés de lances et de boucliers.

» On nous servit alors un plat de chair de porc, avec une grande cruche pleine de vin. À chaque bouchée de viande nous buvions une écuellée de vin, et lorsqu’on ne vidait pas entièrement l’écuelle, ce qui n’arrivait guère, on versait le reste dans une autre cruche. L’écuelle du roi était toujours couverte, et personne n’y touchait que lui et moi.