Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/253

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dissimula pas toutefois que ceux qui se feraient chrétiens seraient des mieux traités. Tous s’écrièrent que ce n’était ni par crainte ni par complaisance pour nous qu’ils allaient embrasser notre religion, mais qu’ils s’y déterminaient par un mouvement de leur propre volonté.

» Le capitaine leur promit de leur laisser des armes et une armure complète, d’après l’ordre qu’il en avait reçu de son souverain ; mais il les avertit en même temps qu’il fallait baptiser aussi leurs femmes, sans quoi ils devaient se séparer d’elles et ne pas les connaître, s’ils ne voulaient pas tomber en péché. Ayant su qu’ils prétendaient avoir de fréquentes apparitions du diable qui leur faisait grand’peur, il les assura que, s’ils devenaient chrétiens le diable n’oserait plus se montrer à eux qu’au moment de la mort. Ces insulaires, émus et persuadés de tout ce qu’ils venaient d’entendre, répondirent qu’ils avaient pleine confiance en lui ; sur quoi le capitaine pleura d’attendrissement, et les embrassa tous.

» Il prit alors entre ses mains celle du prince de Zebu et celle du roi de Massana, et dit que par la foi qu’il avait en Dieu, par la fidélité qu’il devait au roi d’Espagne son seigneur, et par l’habit même qu’il portait, il établissait et promettait une paix perpétuelle entre le roi d’Espagne et le roi de Zebu. Les deux ambassadeurs firent la même promesse.

» Après cette cérémonie on servit à déjeuner ; ensuite les Indiens présentèrent au capi-