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nous fîmes savoir au roi que nous appartenions au roi d’Espagne, qui désirait vivre en paix avec lui, et ne demandait pour ses sujets que la permission de trafiquer dans son île.

» Le roi nous fit répondre qu’il était charmé que le roi d’Espagne fût son ami, et que nous pouvions nous pourvoir dans ses états d’eau et de bois, enfin y trafiquer à notre volonté.

» Nous lui offrîmes alors les présens que nous avions apportés : c’étaient un habit à la turque de velours vert, une chaise de velours violet, cinq brasses de drap rouge, un bonnet, une tasse de verre avec son couvercle, une écritoire dorée, et trois cahiers de papier. À chaque chose qu’il recevait il faisait un petit mouvement de tête. On donna à chacun de nous de la brocatelle, et des draps d’or et de soie, qu’on nous mettait sur l’épaule, ensuite on l’ôtait pour nous le remettre plus tard. On nous servit un déjeuner de clous de girofle et de cannelle, après quoi on laissa tomber tous les rideaux, et l’on ferma les fenêtres.

» Tous ceux qui étaient dans le palais du roi avaient autour de la ceinture du drap d’or pour couvrir les parties naturelles, des poignards avec des manches d’or garnis de pierreries, et plusieurs bagues aux doigts.

» Nous remontâmes sur nos éléphans pour retourner à la maison du gouverneur. Sept hommes nous précédaient portant les présens du roi, qu’on posa sur notre épaule gauche quand nous fûmes arrivés. Nous donnâmes