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au sud de la Terre du Feu. Ils y mouillèrent, et reconnurent que plusieurs ouvertures qui laissent à la mer un libre passage à travers cette terre sont des détroits aussi larges que celui par lequel passa Magellan. Cet abri leur procura deux jours de repos. Ils trouvèrent dans ces îles de l’eau douce, quelques autres secours, et entre autres des plantes antiscorbutiques.

Mais cet état de tranquillité ne fut pas de longue durée ; bientôt le vent reprit toute sa force, la mer toute sa fureur. Le soulèvement des vagues fit déraper les ancres ; en laisser tomber d’autres eût été inutile ; déployer une voile eût été offrir de la pâture à la rage du vent. Ils ne voyaient du côté de terre qu’une côte hérissée de rochers et de dangers. On commençait à n’entrevoir aucun moyen de salut. Heureusement, à quelques lieues au sud du dernier mouillage, ils se retrouvèrent parmi les mêmes îles, et ils espérèrent enfin d’y obtenir quelque repos.

Ils virent les naturels de ces terres naviguant d’une île à l’autre dans leurs canots avec leurs femmes et leurs enfans, et ils firent quelques échanges avec eux. Au bout de trois jours, une reprise de la même tempête vint les assaillir au mouillage ; il fallut encore abandonner une ancre et une partie de son câble, et se mettre à la merci des flots jusqu’à ce qu’enfin ils atteignirent à la partie la plus méridionale de ces terres, et ils découvrirent ainsi