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grapin, à quelque distance du rivage. Mais comme le froid était fort vif, ils ne laissèrent pas de s’approcher de la terre dans une des chaloupes pour trouver le moyen de se réchauffer. Une troupe de sauvages qui se tenait en embuscade parut tout d’un coup, et tira sur eux quantité de flèches, dont trois Hollandais furent tués d’abord. Ces barbares se retirèrent aussitôt. Ils avaient la taille fort haute, les cheveux longs, la peau assez blanche, le visage peint et le regard farouche. Le général ayant fait ouvrir les morts, on trouva que les flèches leur avaient traversé le coeur, le foie et le poumon. Toutes les recherches des Hollandais ne purent leur faire découvrir la trace de ces hommes cruels.

Quatorze mois s’étaient passés à s’approcher du détroit de Magellan, et cette navigation avait coûté environ cent hommes. Enfin les dangers qui restaient à craindre paraissant moins terribles que ceux du retardement, on résolut d’embouquer le détroit. La première tentative, faite le 5 novembre, réussit mal, et donna même lieu à de fâcheux démêlés entre Noort et son vice-amiral. Le 13, elle fut recommencée avec aussi peu de succès.

Ce ne fut que le 24, avec une fatigue incroyable, que l’amiral et le yacht traversèrent enfin le premier pas, tandis que le vice-amiral demeura fort loin à l’arrière. Le 25, ils furent portés par le flot dans la seconde passe du détroit. La côte méridionale offrait une pointe