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d’une lieue du rivage lorsqu’ils virent paraître un grand nombre de pirogues qui leur apportèrent des cocos, des bananes, des cannes à sucre et du poisson. Toutes ces provisions furent échangées pour du fer, dont les insulaires étaient fort avides, et qu’ils nommaient hierro, comme les Espagnols, parce que tous les ans ils voyaient dans leur île quelque vaisseau de cette nation. Les Hollandais comptèrent plus de deux cents de ces pirogues, montées chacune de trois, quatre ou cinq hommes. Dans cette confusion, les vaisseaux passèrent sur deux de ces petits bâtimens ; mais les insulaires, qui savent nager parfaitement, y rentrèrent aussitôt, et se présentèrent avec la même ardeur.

Ces îles, suivant la remarque de Noort, avaient été justement nommées îles des Larrons, parce que les habitans étaient livrés au larcin, et qu’ils le commettaient avec une adresse surprenante. Ils trompèrent plusieurs fois les Hollandais. Quelques-uns leur présentèrent, sur des paniers de feuilles de cocotiers, du riz si bien arrangé, qu’à la première vue on s’imaginait qu’il y en eût beaucoup ; mais après l’échange on trouvait sous le riz des coquilles ou des feuilles. Cette ruse était d’autant plus sûre que, pour commercer d’abord avec eux, il fallait attacher au bout d’une corde le morceau de fer qu’on leur offrait, le laisser pendre dans leurs canots, où ils avaient la liberté de l’examiner, et retirer de même ce qu’ils