Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/53

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d’entre eux avoua que celle qui balançait le plus les semences de conversion qu’il sentait quelquefois au fond de son âme, était l’amour qu’il avait pour ses parens et ses enfans. Je ne pourrais, disait-il, goûter les joies du paradis tandis que ma famille serait en enfer. Cette objection, que tous les missionnaires chrétiens ont eue à résoudre dans toutes les parties du monde, méritait, ce semble, une réponse. Mais les frères Moraves, qui ne se vantent pas d’être théologiens, ne trouvaient pas sans doute dans la doctrine de Luther des armes défensives contre un si terrible assaut.

Un scandale plus grand encore que le raisonnement de cet angekok, fut l’exemple d’un Groënlandais qui, lassé d’assister aux conférences de religion, dit nettement « qu’il ne croyait rien de tout ce qu’on débitait ; qu’il n’y avait point de Dieu ; que tout était de soi-même, et serait toujours comme il est ; qu’enfin il voulait suivre à cet égard l’opinion et l’exemple de ses pères, qui n’avaient jamais entendu parler de religion. » Mais, répondent les missionnaires, ce langage frénétique venait du trouble de son âme, tourmentée par les impulsions de la grâce. La preuve en est qu’ayant entendu prêcher sur la mort dans une de nos assemblées, il se leva, après bien des contorsions, qui témoignaient son impatience, et sortit enfin, sans y reparaître depuis.

Un des moyens de prosélytisme que les Herrnhuters ont imaginé pour suppléer à la