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gneur), et que ceux qui s’y retirèrent les premiers venaient de la Moravie, on leur a donné le nom à d’herrnhuters, ou de frères moraves. Ces pieux ignorans ont toujours brûlé du zèle de la conversion des idolâtres ; se contentant, pour parler leur langage, de ne savoir et de n’enseigner que Jésus. Cette nouvelle société de Jésus, semblable à la première, envoie ses disciples dans les parties du monde les moins connues, jette sourdement ses racines dans les colonies, et cache ses fondemens sous des terres incultes.

Cette compagnie, se glorifiant d’ailleurs de l’ignorance et de la grossièreté des premiers apôtres du christianisme, suit, à bien des égards, les traces de l’institution des jésuites, débute comme eux par les missions et l’instruction des enfans ; mais au lieu d’éblouir, à leur exemple, par l’éclat des talens, elle étonne bien davantage par des succès aussi rapides, aussi grands, qu’elle ne doit, ce me semble, qu’à la petitesse même et à l’obscurité de ses moyens.

Cette société de Jésus consacra les premiers travaux de son apostolat aux nègres de Saint-Thomas, l’une des petites Antilles, qui sont dans la dépendance ou parmi les colonies du Danemarck. Un de ces nègres, baptisé sous le nom d’Antoine, s’étant lié avec les domestiques du comte de Zinzendorf, qui se trouvait à Copenhague, en 1731, au couronnement du roi Christian vi, suivit ce fondateur à Herrn-