Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/81

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Le 3, on fut investi de ces glaces par trois côtés, n’ayant la mer ouverte qu’à la poupe, par le vent du sud. Le lendemain, nous fûmes entièrement pris des glaces, et l’on ne put que ramer au travers. Depuis le 4 jusqu’au 10, on se trouva toujours entre des montagnes et des plaines flottantes de glace. Le 12, nous découvrîmes la terre, mais à vingt-quatre lieues de distance, par la cime des montagnes couvertes de neige. À dix heures du matin, le ciel offrit à nos regards trois parélies, couronnés chacun de deux cercles de lumières. Aucun de nos navigateurs n’avait encore rien vu de pareil. Ce phénomène fut accompagné d’un léger vent d’ouest, bientôt remplacé par un bon vent du sud. Comme il nous portait trop en avant au nord, nous carguâmes les voiles le 13 au matin. À huit heures on gagna vers la terre, et le courant fut si favorable, qu’à dix heures nous touchâmes aux îles les plus voisines de la côte où nous allions. Ce fut là que je vis pour la première fois deux Groënlandais qui nageaient avec leurs kaiaks comme des canards, souvent entre deux eaux, toujours devant notre vaisseau, malgré les vagues et le gros temps. Nous embouchâmes entre Kanghek et Kokernen, dans le passage méridional de Bals-Fiord. Le vent, qui fraîchit toujours jusqu’au degré de la tempête nous obligea d’amener nos voiles l’une après l’autre, et cependant avec une demi-voile nous rasions les îles comme un trait. Enfin je vis la maison de Neu-Herrnhut, et