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envoyés à la pêche de la baleine. Six de ces bâtimens, pour éviter les glaces, avaient été forcés d’entrer dans le Bals-Fiord, et d’y mouiller une quinzaine de jours à deux lieues de la colonie danoise. Les autres huit vaisseaux étaient restés comme emprisonnés dans les glaces. Cet accident fut par contre-coup funeste aux Groënlandais. Attirés par les provisions des Hollandais, ils se lièrent avec eux, mangèrent de tout ce qu’ils trouvèrent à bord des vaisseaux, surtout des pois, avec une voracité qui pouvait être irritée par la nouveauté des mets et par une famine de quelques mois. Outre le dérangement de conduite, les querelles et les désordres que produisirent ces excès de bouche parmi des sauvages excités à l’intempérance par l’exemple et l’invitation des matelots, les Groënlandais en contractèrent une espèce d’épidémie qui fit beaucoup de ravage dans le pays. La contagion était dans les vaisseaux. On s’en aperçut sur un cadavre que les Groënlandais portèrent à terre pour le faire ensevelir dans le cimetière de Neu-Herrnhut. Elle se répandit bientôt à quatorze lieues des environs, et plusieurs chrétiens en moururent.

Les sauvages, qui venaient, selon leur coutume, tous les ans à la mission, voyant que la maladie caractérisée par des toux, des maux d’oreille, des pleurésies, emportait tous les jours quelque chrétien au tombeau, s’enfuirent avec toutes les frayeurs de la mort, et