Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

feuilles de palmier. À la vue des Européens, les embarcations firent route sur l’île ; les Indiens qui les montaient s’élancèrent à terre, y halèrent leurs pirogues, et vinrent à la rencontre des Espagnols. Dès qu’il eurent aperçu la vieille Indienne, ils coururent à elle, ils l’embrassèrent et ne pouvaient se lasser d’admirer ses vêtemens. Ils embrassèrent aussi les Espagnols et les comblèrent de marques d’affection. On leur demanda par signes de faire connaître qui d’entre eux était le chef : ils indiquèrent un homme d’une taille élevée, de bonne mine, ayant l’air robuste, une large carrure, les membres forts et bien proportionnés, tous les muscles fortement prononcés, et portant sur la tête une espèce de couronne faite de petites plumes noires, si déliées et si souples, qu’on les eût prises pour de la soie. Une chevelure blonde, à demi bouclée, descendait jusqu’au milieu de sa taille, et excitait l’admiration des Espagnols, qui, ne se persuadant pas qu’un homme dont le visage était couleur de cuivre bronzé pût avoir des cheveux d’un blond si délicat, aimèrent mieux croire qu’il était marié, et qu’il portait les cheveux de sa femme. Ils l’engagèrent à se rendre à bord de la capitane ; plusieurs insulaires s’embarquèrent avec lui dans la chaloupe ; mais à peine eut-on poussé au large, que, craignant sans doute quelque perfidie de la part des Espagnols, ils se jetèrent à l’eau, et regagnèrent la terre à la nage. Leur chef voulut les suivre ; on le retint ; il devint