Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant suspendus près de l’horizon, sans beaucoup de mouvement ou de changement dans les points où la terre n’est pas éloignée ; j’ai souvent fait cette observation, surtout lorsque la terre est élevée ; car alors on voit les nuages suspendus sans aucun mouvement sensible.

» Le 20 de mai notre chaloupe, qui était à peu près à trois lieues en avant de nous, passa sur une basse de rochers au-dessus de laquelle il n’y avait que trois brasses d’eau, et le poisson y nageait en abondance autour des rochers ; ce qui fit penser à nos gens qui la montaient, que la terre n’était pas éloignée ; ils tournèrent donc le cap au nord, et, après avoir passé la basse, mirent en travers pour nous attendre. Ayant, d’après leur indication, changé notre route de l’ouest au nord, nous aperçûmes à notre grande joie l’île de Guam, à environ huit lieues de distance.

» Ce fut un bonheur pour le capitaine Swan que nous vissions cette île avant la fin de nos provisions, dont nous n’avions plus que pour trois jours ; car j’ai appris depuis que l’équipage avait formé le projet de le tuer le premier et de le manger quand les vivres seraient épuisés, et, ensuite tous ceux qui avaient été d’avis d’entreprendre cette traversée. C’est pourquoi le capitaine Swan me dit, quand nous fûmes à Guam : Ah, Dampier ! vous leur auriez fait faire un méchant repas.

» L’île de Guam ou Guahon, comme les na-