Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/147

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Alors, voyant leur projet échoué, ils détruisirent les plantations et s’en allèrent dans les autres îles de l’archipel. Le nombre des Indiens, qui s’élevait auparavant à peu près à quatre cents, était en conséquence réduit à cent. Ceux-ci, qui n’avaient pas pris parti dans la conspiration, n’en étaient pas mieux disposés pour les Espagnols ; car ils nous proposèrent de nous mener au fort, et de nous aider à nous emparer de l’île ; mais le capitaine Swan ne fut pas d’avis d’y chagriner les Espagnols.

» Nous n’avions pas encore jeté l’ancre, qu’un prêtre vint de nuit près du bord dans un canot avec trois Indiens. Ils nous demandèrent qui nous étions et d’où nous venions : nous leur répondîmes en espagnol que nous étions Espagnols, et que nous venions d’Acapulco. L’obscurité de la nuit les empêcha de voir la construction de notre vaisseau et de nous reconnaître. Nous les accostâmes ; aussitôt ils s’aperçurent de leur méprise et voulurent s’échapper ; mais nous les contraignîmes à monter à bord. Le capitaine Swan reçut le prêtre très-poliment, le conduisit dans la chambre, et lui dit que le manque de vivres l’avait engagé à s’approcher de l’île ; qu’il n’y venait point en ennemi, mais s’y présentait comme ami, pour y acheter avec son argent les choses dont il avait besoin. Il finit par le prier d’écrire au gouverneur pour l’instruire de toutes ces particularités, et lui déclara qu’il le gardait en otage jusqu’à ce qu’on lui eût