Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/168

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moyen de frondes, une grêle de pierres avec toute la vitesse possible, ce qui me fit donner à cet endroit le nom de Slingersbay (baie des Frondeurs). Le bruit d’un coup de canon modéra leur ardeur ; ils cessèrent de jeter des pierres et s’éloignèrent au plus vite. Cependant ils se réunirent comme pour consulter sur ce qu’ils devaient faire ; car ils ne se rapprochèrent pas de la côte, et restèrent en panne, quoiqu’il y en eût de tués et de blessés. Un plus grand nombre auraient même payé cher leur audace, si je n’avais eu de la répugnance à employer les moyens de rigueur, parce que je voulais ne pas m’ôter l’espérance de les amener à traiter avec moi.

» Le lendemain je passai tout près d’une île où je vis beaucoup de fumée et des hommes dans les baies ; il en sortit trois pirogues qui ne purent nous atteindre. Plus loin, dans la soirée, étant entre deux îles, une pirogue s’approcha de nous. Je permis aux trois hommes qui la montaient de venir à bord ; ils nous apportèrent cinq cocos. Je leur donnai à chacun un couteau et un collier de verroterie, afin de les encourager à revenir le matin. Avant qu’ils se fussent retirés, je vis deux autres pirogues s’approcher ; c’est pourquoi je m’éloignai.

» Le 3 mars j’étais près de l’île de Gherrit-Denis, qui est bien plantée et bien peuplée ; ses habitans sont noirs, vigoureux et bien faits ; ils ont la tête grosse et ronde, les cheveux frisés et courts, qu’ils coupent de différentes manières