Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/17

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n’eussent pas d’arquebuse prête à tirer ; on le menaça de la voix, ce qui ne l’empêcha pas de revenir à la charge.

Quiros, qui était sur le pont, s’efforçait de gagner la bienveillance des Indiens par des présens et des marques d’amitié, et les invitait à monter à bord. Informé de ce qui se passait à l’arrière, il y alla. L’intrépidité de l’Indien l’étonna. Un coup de mousquet tiré en l’air ne put intimider cet insulaire. Il n’en parut que plus arrogant, et s’approcha de très-près pour porter un coup plus sûr. Mais, au moment où il voulait lancer sa pique, un coup de feu l’étendit sans vie.

À l’instant, soixante Espagnols descendirent dans les canots pour dégager la corvette que les Indiens entouraient. Ceux-ci essayèrent d’abord de la couler à fond, ensuite ils attachèrent à son avant une corde, que d’autres Indiens restés à terre tiraient de toutes leurs forces. La mousqueterie des canots les fit renoncer à leur tentative. Ils sautèrent dans la mer, et regagnèrent le rivage dans le plus grand désordre. Les canots, ne voyant point d’endroit propre au débarquement, revinrent à bord. La corvette se rapprocha de l’île, et les ordres furent donnés pour descendre à terre le lendemain, afin d’y faire du bois et de l’eau.

Les chaloupes n’abordèrent qu’avec beaucoup de peine ; mais cet obstacle de la nature ne fut pas le plus difficile à vaincre. À l’instant