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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/170

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» Le lendemain, je m’avançai par un vent frais au-dessous d’une île haute, bien plantée et bien cultivée. Les Hollandais la nomment Antoni Caves eylandt. On en voit tout alentour de plus petites, également boisées. Des pirogues s’approchèrent de nous, et, de même que toutes celles que nous avions vues auparavant, nous firent signe d’aller à terre, s’imaginant probablement que notre vaisseau pouvait aller aussi près du rivage que leurs petites pirogues. J’essayai inutilement de jeter l’ancre à un mille du rivage ; je ne trouvai pas fond. Les pirogues nous suivaient ; la plage était couverte d’Indiens ; les mouvemens du vaisseau les guidaient, plusieurs essayèrent de nous attraper à la nage : nous les laissâmes de l’arrière. Le courant nous porta sur une île plate, voisine d’Antoni-Cave ; trois Indiens montèrent à bord ; je leur donnai à chacun un couteau, un miroir et un collier de verroterie. Je leur montrai des citrouilles et des écales de cocos, en leur faisant signe d’en apporter à bord. Aussitôt ils me donnèrent trois cocos qu’ils prirent dans une des pirogues. Je leur montrai aussi de la poudre d’or ; ils parurent savoir ce que c’était, et s’écrièrent mannil, mannil, en indiquant la terre. Ils nous quittèrent, et un instant après, trois pirogues se détachèrent de l’île plate, et nous firent signe d’y aborder ; mais les premiers Indiens que nous avions vus en parurent mécontens, leur firent des gestes menaçans, et il s’ensuivit une dispute.