Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/193

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tites baies rouges et des perles qu’ils n’ont pas sans doute l’art de percer, puisqu’elles étaient entaillées dans leur rondeur, et liées l’une à l’autre avec un fil. Ils trouvaient cet ornement si beau, qu’ils refusèrent les colliers de verre des Anglais. Leur passion n’était ardente que pour les couteaux et les instrumens qui servent au travail ; mais ils avaient la bonne foi de ne pas prendre ceux que les ouvriers laissaient à terre pendant la nuit. On ne remarqua point qu’ils eussent le moindre ustensile de l’Europe. Leurs huttes étaient fort basses, construites de roseaux et de branches d’arbres, et si mal couvertes, qu’elles ne les garantissaient pas de la pluie. On ne voyait nulle trace de jardin ou d’agriculture aux environs. Ils ne vivaient guère que de poisson ; ce qui, joint à leurs misérables cabanes, qui ne semblaient dressées que pour un temps, fit croire à Rogers qu’ils n’avaient pas leur demeure fixe dans la baie, et qu’ils n’y étaient rassemblés que pour la saison de la pêche. Les instrumens qu’ils y emploient ne sont ni des hameçons ni des filets ; c’est un simple dard de bois dont ils percent le poisson avec beaucoup d’adresse. Ils sont excellens plongeurs. Les Anglais en virent plonger un qui, après avoir enfilé un poisson avec cette arme, le donna, sans mettre la tète hors de l’eau, à un autre sauvage qui l’attendait sur une espèce de canot. Rogers n’en fut pas témoin, mais il vit lui-même plusieurs de ces plongeurs prendre de vieux couteaux qu’il leur jetait, avant