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l’autre à une portée de fusil. La première semaine de décembre l’on commença à voir flotter du goémon. Le temps était froid, quoiqu’en été ; il y eut du tonnerre et de la grêle. Les oiseaux se montrèrent en plus grand nombre qu’auparavant, et devinrent encore plus fréquens la semaine suivante. Le 15 décembre, par une latitude égale à celle de Paris, on découvrit les premières glaces. Je me réjouis d’abord de cette rencontre, comme d’un indice du voisinage des terres. Il y en avait de si grandes et si hautes, que nous avons souvent fait huit lieues pour en atteindre qui étaient en vue. Bientôt ce furent autant d’écueils très-dangereux que nous avions beaucoup de peine à éviter.

» Après avoir navigué au sud, nous fûmes tellement entourés de glaces, qu’il fallut tourner à l’est pour chercher un passage. On ne trouvait pas fond. On voyait beaucoup d’oiseaux de mer et de phoques. Le 1er. janvier 1739, je découvris une terre fort haute, couverte de neige et fort embrumée, à laquelle je donnai le nom de cap de la Circoncision, en mémoire de la fête du jour. Sa situation est par 54° de latitude et 27 ou 28° de longitude, s’étendant du nord-ouest au sud-est, à peu près sur huit ou dix lieues d’une face, et six de l’autre. La côte est fort élevée, escarpée, chargée de glaces et inabordable ; elle est entourée de petites îles, ou plutôt de purs monceaux de glaces de deux à trois cents pieds de hau-