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page. La charge est divisée en un certain nombre de balles d’égale grandeur, qui est distribué entre les maisons religieuses de Manille, à titre de gratification, pour le soutien des missions évangéliques. Chaque couvent a droit de charger sur le galion une quantité de marchandises proportionnée au nombre de balles qui lui est assigné ; ou, s’il y croit trouver plus d’avantage, il a la liberté de vendre et de transporter ce droit. Comme les marchands qui l’achètent ne sont pas toujours assez bien fournis pour le faire valoir de leur propre fonds, le couvent s’accommode avec eux, et leur fait des avances considérables à la grosse aventure. Les ordonnances du roi ont limité ce commerce à une certaine valeur de marchandises qu’il n’est pas permis d’excéder, et qui est de 600,000 piastres. Mais cette loi est si mal observée, qu’il n’y a pas d’années où la cargaison ne s’élève beaucoup plus haut, et les retours montent rarement à moins de trois millions de piastres.

On se persuadera facilement que la plus grande partie de ces retours ne s’ensevelit pas dans Manille, et qu’elle se distribue dans toutes les Indes orientales. C’est une maxime de politique admise par toutes les nations européennes, qu’on doit tenir les colonies de l’Amérique dans une dépendance absolue de leur métropole, et qu’on ne doit leur permettre aucun commerce lucratif avec d’autres nations commerçantes ; aussi n’a-t-on pas manqué de faire souvent des représentations au conseil d’Espagne sur le