Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/336

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comble de désolation, on avait à boucher une voie d’eau que les charpentiers désespéraient de fermer entièrement avant qu’on eût mouillé dans un port.

Au milieu de ces alarmes, le vent étant venu à fraîchir au nord-est, et la direction du courant ayant tourné au sud, on eut la satisfaction d’apercevoir, le lendemain à la pointe du jour, deux îles à l’ouest. La plus proche, comme on l’apprit dans la suite, était celle d’Anatacan, dont on ne se crut qu’à quinze lieues. Elle parut montueuse et de médiocre grandeur ; l’autre était celle de Serigan, qui avait l’apparence d’un rocher plutôt que d’un endroit où l’on pût mouiller. La chaloupe qu’on y envoya ne revint que pour confirmer cette opinion. Un vent de terre n’ayant pas permis de s’approcher d’Anatacan, on perdit cette île de vue le 26 août ; mais le matin du jour suivant on découvrit celles de Saypan, de Tinian et d’Agnigan. Anson fit gouverner vers Tinian, qui est entre les deux autres. Comme il n’ignorait pas que les Espagnols avaient une garnison à Guam, il prit diverses précautions pour sa sûreté. L’impatience de recevoir quelques avis sur l’île lui fit arborer le pavillon espagnol, dans l’espoir que les insulaires, prenant son vaisseau pour le galion de Manille, s’empresseraient de venir à bord. En effet, on vit paraître dans l’après-midi un pros qui portait un Espagnol et quatre Indiens, et qui fut arrêté par la pinasse anglaise, tandis que le canot